LA LOI DU TALION

La loi du Talion est une des nouvelles que vous trouverez dans l'Anthologie "Demain : Nos Libertés".

Son auteur, Gilles Madic, nous en parle.

Bonjour Gilles.
Ton récit ouvrant le bal de Demain : nos libertés, à toi d’inaugurer cette série de présentations des nouvelles dystopiques qui sont regroupées dans cette formidable anthologie.
Comme l’indique ta courte biographie (LIEN), tu es un jeune auteur fervent de récits courts, même si tu te lances également dans le roman. Peux-tu, en quelques mots, nous présenter ta nouvelle la Loi du Talion ?

GM : Un fait divers sert de prétexte au vote d’un décret fondé sur l’ancestrale loi du Talion. Œil pour œil, dent pour dent : les meurtriers subiront les horreurs qu’ils ont commises et leur châtiment sera diffusé en prime time. Un homme ordinaire prend goût à ce divertissement..
Ce récit raconte la dérive d’un homme et du système judiciaire.

Le sujet central de la Loi du Talion est la justice ou plutôt la punition face aux actes criminels. Ton récit va bien au-delà de la peine de mort. Pourquoi avoir choisi ce thème ?

GM : La peine de mort a été abolie il y a bientôt quarante ans. Pourtant, le consensus autour de cette mesure reste fragile. Plus de 50% de Français sont favorable à la peine capitale s et ce chiffre progresse depuis 2010 : le débat est loin d’être réglé. Certains partis surfent soufflent sur les braises, il suffit d’une étincelle pour mettre le feu à notre Constitution. Un changement de gouvernement, par exemple. Chaque scandale participe à influencer la population dans ce sens, je suis angoissé par la radicalisation des opinions et la libération de discours nauséabonds. Mon récit se déroule d’ailleurs dans un futur pas si lointain.

La Loi du Talion parle également de l’addiction télévisuelle et le voyeurisme morbide. As-tu eu une source d’inspiration romanesque pour ceux-ci ou est-ce simplement la déferlante de télé-réalités plus exhibitionnistes les unes que les autres qui t’a interpellé ?

GM : Les émissions de télé-réalité qui ont déferlé dans les années 2000 se sont essoufflées, elles n’intéressent plus grand-monde. En revanche, le voyeurisme a pris d’autres formes avec les réseaux sociaux. On s’exhibe volontairement, pour la plupart d’entre nous, on se compare, se juge, nous sommes tous un peu voyeurs. Si l’on ajoute à cela une propension naturelle de l’homme à la fascination pour le sordide, le terreau est là pour un voyeurisme morbide.

J’ai trouvé ta nouvelle passionnante et dure, mais aussi dérangeante. Avec son début (à lire plus bas), tu nous plonges dans une actualité prégnante et, de fait, nous rallies à l’opinion du narrateur avant de glisser vers l’effroyable, imposant une véritable réflexion aux lecteurs, presque une exploration de leurs convictions et de leur conscience. En écrivant la Loi du Talion avais-tu ce but en tête dès le départ ?

GM : Je voulais montrer à quel point notre opinion peut être amenée à changer vis-à-vis de certains principes moraux. Cette modification peut se produire en douceur, insidieusement, grâce à des arguments qui peuvent paraître censés. Si l’on ne fait pas attention, on peut tous basculer dans l’inhumanité. Je pense qu’il est important de s’imposer des moments de réflexions calmes, loin de l’agitation des réseaux sociaux et de l’information en continu dont on nous abreuve, de ce présent qui nous colle sans cesse. Un peu de philosophie, de recul, des dialogues argumentés et posés peuvent aider à sortir de cette frénésie et de cette violence grandissante.

Merci, Gilles, pour cet échange, à présent, laissons aux lecteurs découvrir les premières lignes de ta nouvelle :

Demain nos libertes

 

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