FAUSSE DONNE

Bonjour Laura.
Peux-tu te présenter brièvement ?

Bonjour à toutes et tous ! Je m’appelle Laura P. Sikorski, je suis une Nantaise pur beurre exilée à Paris depuis quelques années déjà et, surtout, je suis autrice. Je sévis principalement dans le monde de la nouvelle, mais j’écris également des livres pour la jeunesse (qui vont sortir bientôt, en 2020, restez à l’affût !).

Ta nouvelle
« Fausse Donne » nous conduit dans une ville où la hiérarchie sociale
est fortement marquée et même physiquement visible. Cette nouvelle est-elle un
moyen pour toi de dénoncer un état de fait de notre société ? Un cri de
colère ?

La dystopie, comme tous les genres de la SF, est propice à parler de nos sociétés contemporaines. On choisit une caractéristique, un trait particulier, et on le grossit, le déforme et l’amplifie jusqu’à donner un concept ou une idée qui, dite comme ça, paraît un peu tirée par les cheveux, mais qui pourtant en dit long. Il y a de nombreuses choses qui me révoltent, et on en trouve en effet une partie dans Fausse Donne.

Ton récit est
marqué par l’importance du jeu et du jouet. En quoi ceux-ci te semblent-ils
indispensables à l’Homme ?

Quand j’étais au lycée, le film de La Controverse de Valladolid m’a beaucoup marqué, tout comme la pièce Zoo ou l’Assassin philanthrope de Vercors. Ces deux œuvres se posaient au fond la même question, avec une réponse différente : qu’est-ce qui fait notre humanité ? L’idée de départ de Fausse Donne, c’était de montrer qu’une partie de la réponse se trouvait peut-être autour de la notion de jeu, de divertissement.


Image par Esi Grünhagen de Pixabay

Derrière ces deux
thèmes principaux, tu évoques aussi la condition de l’enfance, en particulier
le travail des enfants qui, hélas, a encore lieu dans nos sociétés. Si ce
travail est dans la logique de ton récit, avais-tu la volonté dès le départ
d’en parler également ?

Quand j’ai commencé à imaginer cette société sans jeux, sans jouets, des questions sont très vite arrivées : qui seraient les perdants d’une société sans jeu ? et dans quel type de société aurait-on besoin d’interdire le jeu ? Assez rapidement alors s’est dessinée l’idée d’un modèle social où le temps de jeu des enfants est réduit à néant afin d'accroître leur temps de travail. Que reste-t-il à un enfant auquel on interdit de s’amuser, et donc de rire et de rêver ?

Plus lugubre
encore, tu sous-entends les abus sexuels commis sur les enfants par la classe
dirigeante. Le sujet est très délicat à évoquer, as-tu dû remanier plusieurs
fois ces allusions afin d’obtenir ce que tu voulais ? As-tu pensé un
instant à édulcorer ton texte de cet élément ?

Si avec Cécile, la directrice de collection, nous avons remanié beaucoup de fois certaines phrases, il ne me semble pas que ce soit le cas pour ce passage, en revanche. L’idée, dès le début, a été comme tu l’as dit de sous-entendre ces abus. La pédocriminalité est un sujet lourd, comme beaucoup d’autres thématiques de la nouvelle, alors je ne souhaitais pas m’appesantir dessus. Le sous-entendu est suffisamment marqué pour être compris aisément, mais un lecteur ou une lectrice moins avisée ou moins concentrée peut encore y échapper ! Comme il s’agissait d’un recueil de nouvelles à destination d’un public plutôt averti, je n’ai pas songé à édulcorer ce passage… et Cécile non plus, d’ailleurs.

Enfin, pour
terminer sur un sujet plus léger, Ledha a son « doudou » Aylan ;
te souviens-tu du tien et à quoi il ressemblait ?

Comme beaucoup d’autres doudous sans doute, le mien s’appelait « Nin-Nin », mais ma sœur et moi nous disions toujours « Nana ». C’était une toute petite serviette qui accompagnait un baigneur… et à force de le traîner partout, c’est vite devenu mon doudou. À l’origine, il était blanc, mais il ne l’est pas resté longtemps, je crois ! Il n’a malheureusement pas survécu aux affres des années, mais il n’a pas démérité ! RIP, Nin-Nin !

Merci, Laura, pour
cet échange. Tradition oblige, je te laisse le mot de la fin :

Merci à toi pour ces questions très pertinentes et ton regard fin sur mon texte 

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